Dans la vie, on arrive tous à un moment où on doit se demander si on est pas en train de virer vieux con. C’est mon cas actuellement (et merci aux amoureux de l’écriture inclusive de ne pas préciser qu’on dit vieille conne). Je ne sais pas si c’est moi qui vieillis (mal), mais pourquoi… ?!

Petite conversation entre copines de co-working. Que personne ne me demande comment le sujet est arrivé sur la gay pride, toujours est-il que la copine en question a évoqué : les drapeaux. Comment ça les drapeaux ? Moi, toujours curieuse et parfois en retard :

– Mais pourquoi DES drapeaux ? Je pensais qu’il n’y en avait qu’un ! Le célèbre drapeau arc-en-ciel que tout le monde connaît ?

(Je dois avouer que ça fait longtemps que je n’ai pas participé à une gay pride…)

Mais LE drapeau arc-en-ciel, c’était avant. Grâce à Marie (oui, je confirme, elle s’appelle comme moi) j’ai pu bénéficier d’une bonne petite remise à niveau. Et là, c’est typiquement le genre de situation où je me demande si je ne suis pas en train de virer vieille conne mais genre : bien plus vite que prévu. Pourquoi ?

Diviser pour mieux (nous) baiser ?!

Il y a aujourd’hui (accrochez-vous bien si vous l’ignorez encore) pas moins de 23 drapeaux associés au mouvement LGBT. Vingt-trois !!! En dehors du grand classique originel aux joyeuses couleurs, vous pouvez désormais afficher : être genderqueer, genderfluide, mavérique, aroace, intersexe ou apogenre… Tout est possible, vous trouverez forcément le drapeau qui va bien pour la prochaine pride… Qui ne sera plus une simple « gay pride », non, trop facile ! Votre préférence n’a pas de drapeau ? Qu’à cela ne tienne ! Libre à vous de l’inventer et de le soumettre au vote de la « communauté ». Oui, j’avoue avoir du mal avec le terme « communauté » quand celle-ci est si fragmentée. Les lesbiennes ont quant à elles plusieurs drapeaux « lesbiens mais pas que »… Ciel (sans arc en).

Perso et en ce qui me concerne, chacun/e est libre d’aimer qui, comment, où il/elle veut… ou pas. Ce que je n’arrive vraiment pas à comprendre en revanche, c’est : d’une part le besoin de se foutre absolument une étiquette sur l’étendard. Sur les sites de rencontre, savoir que je suis allosexuelle, à la limite, ça peut être utile, mais dans la vraie vie?! Et surtout : comment vivre une vraie solidarité entre toutes les catégories, si chacune tient absolument à se différencier de la sorte ?! Sérieux : rien que la différenciation entre « apogenre » et « aporagenre » nécessite quasiment une thèse ! Du coup pendant les défilés, je vois bien le truc, tiens : au lieu de deviner les départements d’origine des voitures qui nous doublent, faudra devenir quel type de sexualité représente quel drapeau (sachant que même ceux et celles qui ne sont pas branché(e)s cul du tout ont leur drapeau!)

Dans l’absolu, est-ce grave docteur (expression que les moins de 30 ans ne connaissent peut-être même plus). Non. Bien sûr que ce n’est pas « grave », on pourrait même se réjouir que tous ces combats pour la liberté, la tolérance et l’acceptance soient aujourd’hui menés. En même temps, cette découverte m’a rappelé une autre conversation, avec mon amie professeur des écoles, cette fois. Il y avait un mouvement de grève pour je ne sais plus quoi. Mouvement qui allait être peu suivi, parce qu’un syndicat avait appelé mais pas l’autre, parce que l’autre était le syndicat des CM2 alors que la grève concernait les premières années de crèche (j’exagère un peu, mais vous saisissez l’idée). C’est pas que je sois pour la grève quoi qu’il en coûte. Mais à force de tout scinder ainsi en groupes et sous-groupes dont les intérêts ne divergent parfois que d’un poil (de… je rigole) de tout scinder, donc, est-ce que cela ne vas pas nous empêcher de nous regrouper derrière un seul et même drapeau ? Celui d’une République libre, égale et fraternelle ? Mais peut-être ne suis-je après tout qu’une vieille conne sentimentale…