Petite balade en centre-ville, récemment. C’est paisible, le centre de ma ville, en tout cas normalement. C’est piéton, c’est ancien, on y flâne… Il y a bien des vélos qui roulent un peu plus vite que nécessaire, quelques trottinettes, parfois un livreur à scooter qui brave les interdits et s’y risque, mais pas beaucoup. Le matin, avant que les nombreuses boutiques n’ouvrent leurs portes, on y croise aussi des véhicules de livraison, mais tous roulent au pas, respectent certaines règles, pour se garer. Histoire de ne pas se gêner mutuellement, et histoire aussi de ne pas bloquer des rues déjà pas bien larges.

Bref, vous l’aurez compris : c’est un de ces centres-villes typiques du Sud de la France, où on ne s’attend pas franchement à être agressé en plein jour et où – les jours de manif mis à part – il est rare de croiser des véhicules de CRS.

Nous remontions une des paisibles ruelles mon compagnon et moi quand soudain, deux faits se sont déroulés quasi simultanément. Sur ma droite, une dame d’un certain âge manifestement énervée a pris des passants à partie, tandis que droit devant, un car de CRS s’avançait vers nous (et les autres piétons) à un rythme que je qualifierais de soutenu, surtout dans un centre-ville piéton.

Les gens qui déambulaient jusque là plutôt paisiblement se sont déplacés sur le côté, pour laisser passer le véhicule. Moi aussi. Et alors que le car passait juste à côté de moi, toutes vitres baissées, j’ai entendu le CRS au volant s’en prendre plutôt violemment à la dame, qui continuait de demander aux passants « s’ils avaient vu ça ».

La scène n’a duré que quelques secondes, le temps que le véhicule de police passe à côté de moi. Enfin, plus précisément : elle avait dû commencé avant, mais ce à quoi moi, j’ai assisté, c’est une dame plutôt âgé invectivée assez crûment par un représentant de l’ordre public, qui roulait trop vite dans une zone piétonne peuplée.

Nous avons continué notre chemin. De nature curieuse, j’ai demandé à un mec qui remontait lui aussi la rue s’il avait assisté à la scène, et si c’était bien ce à quoi ça ressemblait : un flic qui s’en prenait à une vieille dame. Il a confirmé dans un haussement d’épaule. Visiblement, la dame en question ne s’était pas écartée assez vite de la trajectoire du car, au goût de son conducteur.

J’ai trouvé ça pire que moche. Il n’y avait pas de manifs en cours, et même si le CRS revenait d’une intervention qui l’avait énervé : la femme n’y était manifestement pour rien. Je suis fille de militaire, j’ai le plus grand respect pour l’uniforme.

Mais ce jour-là, je me suis dit que certains ne méritaient pas de le porter.