C’est quand même parfois un peu… lassant. Quand vous-même essayez d’évoluer, de progresser, de ne pas rester coincé(e) dans une posture qui ne vous convient pas, mais que tout est fait pour vous y faire rentrer, coûte que coûte. Parlons par exemple de… couleurs ! Oui, parfaitement, de couleurs. Admettons que vous vouliez acheter, allez, on va dire : un rouge à lèvres.
Vous allez dans un magasin X, et comme vous avez envie de changer un peu de vos trucs habituels, vous abordez une vendeuse pour demander conseil (désolée pour les fans de l’inclusivité, mais c’est un fait : dans les rayons maquillage on ne trouve que des conseillères et jamais d’hommes). Vous expliquez ce que vous voulez (un rouge à lèvres, donc) plutôt mat (même si vous n’excluez pas tout à fait le brillant) vous donnez une idée du prix que vous voulez mettre, et puis vous demandez à voir différentes couleurs.
Eh bien si vous avez plus de 50 ans et que vous assumez vos cheveux blancs, vous pouvez être quasiment sûres qu’on va vous proposer : du vieux rose.
Sérieux : malgré une gamme chromatique quasi infinie et un choix de couleurs beau comme un plumage de perroquet, la quinqua semble être condamnée à porter du vieux rose jusqu’à ce que mort s’ensuive ! C’est valable pour les lèvres, mais aussi pour les ongles. Et souvent pour les fringues, quoi qu’un peu moins.
Pourquoi ? Parce que dans « vieux rose » il y a vieille ? Pas forcément. D’ailleurs, cette nuance avance souvent masquée. Rosée du Soir, Rose Éphémère, Rose des Îles… Tout est fait pour rendre attrayante une couleur qui n’est pas non plus moche, c’est pas ça ! C’est juste ce côté quasi systématique qui m’étonne.
Ça doit être profondément ancré. Et étonnamment (moi en tout cas ça m’étonne!) les femmes qui me proposent du vieux rose sont souvent elles-mêmes quinquas et plus ! Sont elles elles aussi sous l’emprise de certains clichés, de stéréotypes divers, qui nous empêchent de penser « la femme entre deux âges » autrement qu’en vieux rose ? Difficile à dire, mais j’ai souvent constaté que les femmes plus jeunes me conseilleront plus facilement des mauve, des orange, des rouges, même. Pas toutes les jeunes femmes, vu que certaines sont elles aussi coincées dans leurs préjugés, et pensent qu’à partir de 40 ans, nous n’appartenons plus au royaume de la couleur, à moins que ce ne soit les couleurs qui ne nous appartiennent plus.
Il faut dire que, souvent, vaincues, les quinquas capitulent et optent réellement pour le vieux rose. De moins en moins, mais encore trop souvent.
Moi je vous le dis : résistons ! Sortons du monochrome, du cliché et du trop sage ! Continuons, voire même commençons à aller vers la couleur, car la couleur c’est la joie, la lumière et la vie! Adoptons du rouge grenat, de l’orange fluo, et du parme provocateur ! Illuminons nos rides d’un fuchsia effronté ! C’est pas parce qu’on a 50 piges qu’il faut s’exclure du paysage chromatique ! Sortons du pastel et des couleurs pâlichonnes ! Militons pour une nouvelle phase de vie délicieux comme un fruit bien mûr, et tonique comme un bain de mer breton ! Osons ! Vibrons ! Vivons !
Après, si le vieux rose vous va bien, rien ne vous empêche de continuer à le porter !
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