Jour 9

Un spéculoos dans l’oreille du chien

Allez ! Cette fois direction la salle d’auscultation du docteur Boschetti. Quand j’arrive, le prochain patient est déjà sagement installé, et me voici nez à truffe avec un des plus beaux exemplaires de Labrador jamais vu, et même que parfois, il arrive que le maître ressemble au chien 😉 J’ai vraiment rarement vu de si belle tête. Coup de foudre pour ce gros chien, et comme le docteur Boschetti est moins regardante que son confrère quant à mon débit de paroles, je peux entamer la conversation pour savoir ce qui l’amène.

Une otite. En plus du coup de foudre, me voici compatissante. Je fais partie de ses gens qui ont fait des otites à répétition, enfant, alors l’empathie me submerge quand je vois la véto le nez dans l’oreille du chien. C’est super, super douloureux, une otite. Mais Pilote du Verger des Plaines, lui, fait preuve d’un stoïcisme impressionnant. Il ne moufte pas. Noblesse oblige, il reste immobile, imperturbable, pendant que docteur Boschetti lui asperge le conduit auditif avec du liquide, puis frotte juste au-dessous de ce qui, j’imagine, correspond au lobe. Elle frotte avec dynamisme, le chien regarde droit devant lui, toujours aussi imperturbable, un vrai martyre du coton-tige. Enfin, coton-tige n’est pas adapté pour décrire ces grosses boules de coton avec lesquelles la véto va ensuite chercher tout ce qui obstrue l’oreille, après l’avoir détaché, grâce au liquide et aux frottement. Les cotons rentrent blancs et sortent noirs, je ne sais pas ce qu’on trouve sous le sabot d’un cheval mais je peux vous dire que c’est dingue tout ce qu’on découvre dans l’oreille d’un chien ! Le maître reçoit pour consigne de faire pareil tous les jours, il a l’air moins héroïque que son chien face à cette mission, mais ce n’est qu’en nettoyant vraiment très bien tout ça que Pilote a une chance de ne plus souffrir.

D’une manière générale, les propriétaires de tous les patients sont impressionnés et un peu craintifs quand on leur dit qu’ils vont devoir faire des soins chez eux. Nettoyer les oreilles d’un chien aussi cool, passe encore. Mais faire avaler un comprimé à un chat (mon chat reniflait le cacheton planqué dans le thon à des kilomètres) ou pire encore : faire une piqûre sous-cutanée pour un traitement long… ! On ne s’improvise pas ASV aussi facilement. Les vétos prennent donc le temps de bien montrer chaque geste, en rassurant les maîtres stressés. Et constatent que, quand c’est pour le bien de leur animal, tous sont capables de surmonter leurs angoisses.

Pour ma part, aujourd’hui, je découvre l’intérieur d’une oreille de chien grâce à ce que j’appelle le spéculoos mais dont j’apprends que c’est en réalité un spéculum. Guidée par docteur Boschetti, je l’introduit délicatement dans l’oreille du Labrador, toujours aussi impavide, et découvre la beauté du tympan canin. C’est drôlement impressionnant, de regarder dans l’oreille d’un chien. C’est profond, plein de reliefs, rougeoyant… Heureusement, le labrador ne souffre d’aucun autre orifice dans lequel il faudrait regarder, et nous nous quittons en paix.

Dans le prochain épisode : Un yorkshire nommé Caramel