Un Yorkshire nommé Caramel
Le patient suivant débarque tel une apparition ! Haut perché sur l’épaule de son maître, oui, parfaitement, sur son épaule, le Yorkshire semble observer le monde et le commenter, comme une version canine des perroquets pirates. Il faut dire que son maître, grand, musclé et barbu, a lui-même comme un petit air de pirate ! Les deux mâles attirent l’attention, c’est clair !
Le jeune Caramel, ainsi se nomme le chien perché, est en pleine forme. Il se comporte sur la table d’auscultation comme un conquérant, même pas peur, alors que j’ai vu des plus grosses bestioles que lui essayer de devenir invisibles, tellement elles étaient terrifiées !
Caramel est là d’une part parce que son maître a oublié un vaccin (en fait, il en a oublié plusieurs, mais comme c’était un peu ma spécialité aussi, je compatis!) et puis le chien a une sorte de verrue qu’il préfère faire ausculter. Le diagnostique confirme que le chien va très bien.
– Il mange normalement ? Dort ? Fait ses besoins régulièrement ? demande le véto en tâtant les côtes du petit animal dynamique.
– Oui oui ! Tout va bien !
– Il a l’air en pleine forme ! La petite excroissance, c’est rien. Tant que ça ne bouge pas, on laisse. On va juste lui refaire les vaccins.
En effet, qui oublie le rappel doit recommencer à zéro.
J’ai beau avoir promis de me taire, ou du moins de ne pas trop parler, je ne peux que féliciter le maître pour la frange parfaite de Caramel. On papote toiletteur et shampoing, et de fil en aiguille, on apprend que Caramel serait le plus agréable des Yorkshire, s’il n’avait pas la sale manie de chopper les mollets… des serveurs !
– Au resto, il est intenable, nous raconte son maître, en posant son chien par terre.
Sauf que Caramel ne l’entend pas de cette oreille, et aboie jusqu’à ce que son maître le pose sur son épaule, comme à leur arrivée.
– Il veut vous dominer, constate le docteur Chatry. C’est un mâle dominant, et c’est pour ça qu’il attrape les serveurs.
Eh oui ! A force d’être au-dessus des humains, le chien ne supporte pas de voir des pieds, manifestement. Se sent-il menacé quand il est réduit à ce qui est sa taille et sa place « normale » ? Pas le temps d’en discuter, déjà le prochain client attend ! Mais j’ai aimé ce petit cours comportementaliste.
Dans le prochain épisode : Où on apprend qu’une César n’est pas une salade
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