Jour 6

Petit camaïeu d’impressions variées

Déjà 11 h 30, je prends dix minutes pour un café, et tente de noter quelques impressions. Il faut dire qu’en quelques heures à peine, je suis passée par tout un camaïeu d’émotions. Il y a énormément de choses passionnantes à observer, pour quelqu’un qui n’a jamais vécu la vie dans une clinique vétérinaire, et on se laisse facilement emporter par l’ambiance familiale, et la bonne humeur de tout le monde. Sans parler que, quand on aime les animaux, on ne se lasse pas de les voir passer.

Comme les humains, ils ont tous leurs particularités. Leur façon d’exprimer ce qu’ils ressentent. Certains tremblent de peur à peine la porte franchie, et tentent plus ou moins discrètement de partir en douce. D’autres miaulent à vous fendre le cœur alors qu’il sont encore dans leur caisse de transport. Il y a ceux qui rentrent dans la salle d’attente comme en terrain conquis, les chiots qui viennent pour la première fois et découvrent cette nouvelle aventure en sautillant partout, et ceux (comme Titus!) qui donnent l’impression qu’on les mène à l’abattoir. Contrairement à certaines rumeurs, chiens et maîtres ne se ressemblent pas tant que ça. Dans certains cas, c’est plutôt une bonne nouvelle.

– C’est calme, ce matin ! m’a dit Jenna.

Et moi qui trouvait que ça bouge !

Dans les toilettes du haut, les magazines datent de 2012, ce qui prouve que personne n’a trop le temps de lire. Dans celles du bas, je vois une caisse enveloppée de plastique, avec une feuille de route d’un incinérateur d’animaux. Je me demande si je ne suis pas en train de faire pipi à côté d’un animal mort (Sophie me rassurera : ce n’est qu’une caisse vide, enveloppée car elle a transporté un chat atteint de typhus, maladie hautement contagieuse, qui exige des mesures particulières).

La maîtresse de Yoda vient récupérer son petit compagnon, qui a un joli pansement coloré sur son bidon rasé de prêt. Dans la foulée, on confie à Sophie le cousin de Yoda auquel on doit retirer des points. A peine on l’approche qu’il couine comme un désespéré. On le ramène à sa maîtresse, qui demande si c’est lui qui a crié comme ça. Je réponds que :

– Non, c’est moi !

Et puis je me suis souviens de ma promesse de ne pas (trop) parler et je fais une pause.

Dans le prochain épisode : « Vous comprenez, docteur… »