Jour 3

Castréééééés !

J’ai retenu la leçon du docteur Chatry, et m’abstiens désormais de (trop) communiquer avec les propriétaires des animaux.

– Il faut qu’ils n’aient qu’un seul référent, m’avait-il expliqué. Si je dois interrompre une conversation pour pouvoir en placer une, c’est pas possible. En plus, ça me déconcentre.

Je comprends, et me promets d’être moins communicative. Ceci-dit, pour le prochain patient, la question ne se pose pas, puisque le petit Yoda doit être castré, et qu’il patiente sans sa maîtresse dans le chenil. C’est le docteur Boschetti qui opère, j’apprends comment les trois vétos se répartissent le boulot, et Sophie me montre comment préparer la salle d’opération. Pour calmer le petit chien qui tremble d’appréhension, elle a pris le bout de peluche qui lui sert de doudou, et balade Yoda et sa peluche. Puis le docteur Boschetti endort le chien minuscule, j’admire la précision du dosage, et en deux temps trois mouvements, Yoda se retrouve les quatre pattes en l’air sur la table. Bien évidemment, c’est moi la plus impressionnée de toutes.

C’est la première fois que j’assiste à une intervention chirurgicale, et je dois avouer que j’avais peur de tourner de l’œil. Mais non ! Les trois médecins suivent régulièrement des formations, et les méthodes modernes qu’ils utilisent en chirurgie rendent les choses plus simples, du moins pour les spectateurs : pas la moindre goutte de sang, c’est propre et précis. Personnellement, j’admire que véto et ASV restent aussi concentrées et détendues à la fois, pendant que la machine qui contrôle la respiration de la petite bête émet des sons réguliers. Les gestes de Dr Boschetti sont hyper assurés, surtout quand on voit la taille de Yoda et par conséquent : de ses testicules. Soudain, l’expression « comme des cacahuètes » prend tout son sens ! Comme Yoda doit aussi se faire retirer un petit kyste, il restera un peu plus longtemps sur la table, puis retrouvera son panier avec sa propre couverture, et quelques-uns de ces objets familiers qui rassurent les animaux stressés.

– On va le garder avec nous, non ? suggère Sophie.

– Oui, on va surveiller son réveil, mais tout ira bien !

Le panier de Yoda trouve donc sa place à portée de vue, et Sophie vérifiera plusieurs fois qu’il sort sans problème de l’anesthésie, tout en préparant l’intervention suivante.

– Ça risque d’être plus musclé, m’apprend Dr Boschetti.

Et en effet, le prochain patient est un chat sauvage…

Dans le prochain épisode : Comment endormir un (petit) fauve ?