Quinqua, et alors?

Soyons clairs: vieillir n’amuse personne. Mais pour les femmes, la cinquantaine représente un cap tout particulier. Entre Botox et ménopause, comment devenir « une femme entre deux âges » en toute sérénité? Un essai (et une tentative perso!)

« La vue baisse, mais malheureusement, aucun autre sens ne prend la relève. A part, quand on a du bol, celui de l’humour. »

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Parfois, le cours des événements s’accélère.

Un matin, vous vous réveillez et AAAAAAAARGH! C’est quoi cette chose, là?! C’est HORRIBLE! Oui, c’est vrai, c’est horrible. Et c’est votre bras.

Plus précisément: c’est votre épaule. Comme toujours, vous avez dormi sur le dos avec un bras replié au-dessus de la tête. Il y a peu, vos amants trouvaient charmante cette façon que vous aviez de replier vos bras au-dessus de votre tête, dans votre sommeil. Attendrissante, même. Oui mais voilà, à partir d’un certain âge cette même position a pour conséquences ce que vous constatez ce matin, les yeux fixés sur votre épaule, le souffle coupé de terreur: pliée sous cet angle, votre épaule, elle est ridée. Que dis-je, elle est fripée.

Confiante, vous espérez que cette vision monstrueuse n’est qu’un mauvais rêve. Un espoir qui ne dure que quelques secondes car après avoir cligné plusieurs fois des yeux, le regard rivé sur vous-même, vous êtes obligée de vous rendre à l’évidence: cette épaule est à vous, tout comme les plis de peau qui l’entourent.

Vous mettez un moment à vous remettre de cette découverte. Puis vous vous dites que quelque part, cette épaule ridée est la suite logique de ce visage ridé. La continuation évidente de l’inexorable cheminement vers le troisième âge. Là, c’est juste une nouvelle illusion qui vient de mourir, celle de pouvoir circonscrire le vieillissement à votre visage. Vous ne pourrez pas. Cette épaule en est la preuve.

Comme vous êtes néanmoins d’une nature optimiste et que, jusqu’alors, vous avez réagi avec une bonne dose de philosophie (version fataliste) à l’étalement des signes du temps sur cou et visage, vous vous dites qu’après tout, ça peut encore aller. Que ce n’est pas si grave. Que le reste du corps, lui… Que cette vision cauchemardesque pourrait être évitée tout simplement en changeant de position. Vous vous promettez de vous entraîner pour dormir dorénavant sur le ventre. Avec un sursaut de panique, vous réalisez que plus jamais vous ne pourrez permettre à un un amant fougueux de vous attacher au lit, la vue de cette épaule pouvant être résolument débandante même pour le plus vaillant des hommes. Et puis, dans un haussement résigné desdites épaules, vous vous dites que parti comme c’est, vous aurez bien du bol si à votre âge vous en trouvez encore, des amants fougueux en mesure de bander.