Pescatore

François Liguori

Plus d’un monde dans ses filets

Tout a commencé avec une chaise baleine et une toile qui avait pour sujet le poisson, dit-il. Mais en tout a sûrement commencé avec un petit garçon qui adorait parcourir les plages après les tempêtes et en ramener du bois flotté, de la corde lâchée, des bouts de fer, des mailles de filets…Un petit garçon qui, devenu grand, déployait toute son imagination (ainsi qu’une énergie qui n’est pas sans évoquer ces gentils géants qui portent à bout de bras des univers tout entiers) toute son imagination donc pour assembler, coller, donner du volume, raconter des histoires… avec ces bouts de rien et ces riens de tout qu’il continuait de trouver un peu partout. « Regardez », sourit sa femme Rabira en désignant le plafond. « Regardez ce qu’il découvre quand il fait les poubelles! ». A trois mètres au-dessus de nos têtes, un décor de théâtre se rit de nous. C’est qu’il a l’œil, le Pescatore. Il a l’œil, il a la force, il a l’imagination, la passion, la compétence… et une bonne dose de courage, celui dont il eut besoin pour se lancer, en 1988, dans l’aventure de l’ameublement et la décoration. Mais après une exposition – celle de la fameuse chaise baleine et de la toile poisson – et le franc succès rencontré par ladite chaise, il se devait d’essayer. Dix-sept ans plus tard, « Pescatore » crée, décore, invente, et emploie vingt personnes. Il y a, c’est indéniable, un style Pescatore reconnaissable entre tous. Un style qui, parfois, pèse un peu sur ses épaules. « J’aime faire des choses en peu en marge de ce qui se fait, mais maintenant, les gens m’attendent pour quelque chose de précis. » Moins de temps pour parcourir les plages après la tempête, moins de liberté pour dessiner du linéaire après toutes ces années de piscicoles rondeurs. Mais Dieu merci, cette responsabilité qui lui bouffe son temps ne l’empêche pas de vous sourire, de vous recevoir, de vous raconter Et quand sa femme vous dit qu’en plus, il fait la meilleure macaronade de la ville alors là…

Marie Urdiales

(Paru dans Vent Sud)

Photo: canal des deux mers à vélo