Par la main

Huit mois que Ben n’a pas vu sa famille. Huit mois depuis cet accident qui l’a laissé anéanti, entre chagrin et culpabilité. Cet été il retrouve Max, son petit frère. Celui-ci saura-t’il aider son grand frère à surmonter la première épreuve de sa vie d’homme?

« Nous nous sommes connus avant même d’avoir une ébauche de mémoire. Nos parents étaient amis. Je ne peux pas raconter ma rencontre avec Hélène parce qu’elle a toujours fait partie de ma vie. »

(page 28)

Face à la mer, je prends une grande bouffée d’air et me concentre sur mon petit frère qui joue un peu plus loin, près de l’eau. Il fait ce que font tous les gosses, je crois. Ramasser des coquillages, les entasser, creuser un grand trou et regarder l’eau y rentrer. Faire des gros tas de sable plus ou moins difformes et les appeler « château ». Il a l’air très concentré. De temps et temps, il relève la tête vers moi, m’adresse un sourire, puis reprend ses jeux solitaires. Plusieurs fois, d’autres enfants viennent vers lui, de là où je suis je ne peux pas les entendre, mais j’imagine qu’ils lui demandent s’il veut jouer avec eux. Mon petit frère les regarde, sérieux, puis secoue la tête sans un mot et continue ses pâtés de sable. Même à la plage, Max a l’air épuisé. A la lumière du soleil, ses cernes d’enfants ont des allures de valoches de vieux. « Valoches », c’est un terme qu’utilisaient mes parents pour parler de mon grand-père. Aujourd’hui, je saisis le sens de l’image. Ces « valoches » sont trop lourdes pour le fin visage de mon frère. Taches noires sur transparence, la tristesse du regard pèse sur ses esquisses de sourire. C’est à cause de moi que mon petit frère a des yeux de vieillard. Petit bonhomme, solitaire et sérieux.

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