Dans la vie, on arrive tous à un moment où on doit se demander si on est pas en train de virer vieux con. C’est mon cas actuellement (et merci aux amoureux de l’écriture inclusive de ne pas préciser qu’on dit vieille conne). Je ne sais pas si c’est moi qui vieillis (mal), mais pourquoi… ?!

Il y a quelques années encore, ce phénomène semblait réservé à quelques soirées du week-end. À ces grosses soirées de beuverie, étudiantes mais pas que. Ces vendredis et samedis soirs où les habitants du centre-ville devaient se résigner à subir les fermetures de bars et les gueulantes des soûlards. Et où parfois, le lendemain, on retrouvait sur les trottoirs des témoignages de la malbouffe chez les jeunes. A cette époque pourtant pas si lointaine, il pouvait arriver qu’en sortant son chien une fois la nuit tombée, on tombe sur une silhouette en équilibre précaire, en train d’arroser copieusement ici un muret, là un arbuste. A l’époque, ces mecs (car il s’agissait exclusivement de mecs) donnaient l’impression d’avoir au moins un peu honte. A les voir tenter de caser leur ombre de telle sorte que les promeneurs nocturnes ne les remarquent pas, on sentait bien que, s’ils faisaient concurrence aux clébards des voisins, c’est parce que, vraiment, le ratio « bière/vessie » était clairement à l’avantage de la première. Et que s’il y avait eu des toilettes pas trop loin, jamais de la vie ils n’auraient osé pisser comme ça, en pleine rue. Ce n’est plus le cas.

Une rencontre de plus en plus fréquente

Récemment, je me trouvais sur le site de compostage collectif de mon quartier, un endroit situé à côté d’un terrain de jeu pour enfants, joliment entouré de lauriers roses. Un homme est arrivé avec sa trottinette, souriant, sympa, le mec lambda. On se dit bonjour, il me demande ce que je fais, je lui explique en deux mots le principe du compostage collectif, il me dit que c’est génial, et bien mieux que ce qu’on fait ces c… d’écolos (ne cherchez pas, je n’ai pas compris non plus). Et puis il fait trois pas, sort son sgeg, et se met à uriner dans les lauriers. À, quoi ? Trois-quatre mètres de l’endroit où je me trouvais ! Invisible pour les gosses (encore heureux) mais urinant joyeusement quand même. J’aimerais pouvoir dire que cette rencontre reste rare, mais ce serait mentir aux lecteurs et ce n’est pas bien de mentir aux lecteurs. D’autant que ça m’étonnerait que les lecteurs ne soient pas eux aussi régulièrement confrontés à ces mecs qui pissent, en plein jour, en pleine rue, comme si c’était la chose la plus normale du monde. Ce que ça va finir par devenir, si ça continue comme ça. Sauf que ce n’est PAS normal ! Normalement, l’évolution humaine devrait nous éloigner de notre statut d’animal un peu primaire, incapable de maîtriser ses organes, et dépourvu de pudeur. Or ces hommes qui pissent font exactement le chemin inverse. En pissant à la vue de tout le monde, ils se mettent au même niveau que le caniche du voisin, qui lève la patte dès que l’envie lui prend. Et si ça commence comme ça, par un jet jaunâtre, jusqu’où pourront-ils aller ? Vont-ils finir par nous expliquer que le reste de leurs « besoins » aussi est « naturel » ? Pire : et si les femmes s’y mettent aussi ? Ce n’est absolument pas exclus. La nivellement par le bas est un phénomène bien connu, en société, et j’ai vu récemment, à un arrêt de tram, une gamine littéralement soulever sa jupe et se pisser dessus sous les rires gras de ses copains. Il était 10 heures du mat’ et on pouvait encore croire à un after un peu… arrosé, au propre comme au figuré. Mais quand même.

A ce moment-là, je me suis dit que je commençais à virer vieille conne, parce que clairement, l’égalité homme-femme, là, je m’en serais bien passée…