Des bisous!

Dans la vie, on arrive tous à un moment où on doit se demander si on est pas en train de virer vieux con. C’est mon cas actuellement (et merci aux amoureux de l’écriture inclusive de ne pas préciser qu’on dit vieille conne). Je ne sais pas si c’est moi qui vieillis (mal), mais pourquoi… ?!

En ce début d’année, je souhaiterais raconter une petite anecdote issue de mon espace co-work où il fait si bon bosser. Au moment de partir, juste avant les vacances, alors que je faisais ma petite tournée de fin de journée pour dire au revoir, je balance comme ça, négligemment, un « bisou tout le monde » à ceux qui restaient. Et là, crie du cœur d’une consœur :

– Oh oui ! Des bisous ! Je suis en manque !

C’est là que j’ai réalisé qu’en effet, on manquait singulièrement de bisous dans ce monde. C’est là que j’ai réalisé que JE manquais, moi aussi, de bisous, dans ce monde.

Ce monde post-covid, dont nous avons mis si longtemps à nous remettre et d’ailleurs : en sommes-nous réellement remis ? Ce monde où l’autre était devenu peut-être pas un ennemi mais au moins une menace. Un contaminateur possible. Un porteur probable. Quelqu’un dont le Gouvernement nous conseillait de rester à distance. Deux mètres. Dans les supermarchés, on peut encore voir les limites à ne pas dépasser, au sol. Cela fera trois ans en mars que nous avons été confinés, et encore maintenant, il arrive que des gens viennent vers moi poing tendu pour me saluer alors que moi, tout comme ma consœur et tant d’autres, j’ai envie d’un bisou, d’une accolade, d’un contact humain même fugace pour saluer l’autre et l’accueillir, même passagèrement, dans ma sphère.

Est-ce si grave docteur ? Ben, dans l’absolu, bien sûr que non. On peut tout à fait se contenter d’un grand coucou général pour saluer, et pourquoi pas d’un poing contre poing avec les inconnus. Mais quand même…

Des poings tendus, même pacifiquement, ça reste des poings tendus. Une main fermée. Un bras de distance. Un reste de méfiance. Alors que faire et accepter des bisous, c’est ouvrir les bras à l’autre, lui transmettre des énergies dynamisantes, consolantes, ou juste des énergies neutres mais au moins : l’accueillir quelque part, ne serait-ce que pour quelques secondes. Et j’ai toujours trouvé particulièrement émouvant ces moments où deux hommes passaient du serrage de pince à la bise, comme pour dire :

– Maintenant je te connais, je te fais confiance, je t’accepte dans mon monde, même amical.

Les Latins (Français, Espagnols, Italiens…) ont longtemps montré l’exemple aux Nordiques, plus prompts à se serrer la main. Entre-temps, l’Europe entière se claque la bise. En tout cas se la claquait avant la pandémie.

Mais la pandémie est dernière nous, il est temps de se refaire des bisous. En plus, ça fait des anticorps et nous protégera peut-être même des prochains virus !

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